Jean McEwen nous a quittés il y a maintenant plus de cinq ans. Et 2004 marque le quinzième anniversaire de la Galerie Simon Blais. C’est en présentant une exposition de plus de 40 peintures et de nombreuses aquarelles réalisées entre 1947 et 1999 que nous désirons souligner avec émotion ces deux anniversaires.
Jean McEwen est sans contredit l’une des figures marquantes de la peinture contemporaine canadienne. Je dis contemporaine, car, malgré le fait accepté qu’il fut l’une des figures les plus importantes du renouveau de la peinture dans les années cinquante, il a su innover et renouveler son propos (celui de l’abstraction pure) tout au long des quatre décennies qui suivront. Durant l’ensemble de sa vie professionnelle en tant que peintre, il demeurera contemporain de la création de son temps, sans jamais renier la pertinence de sa recherche.
Pierre Théberge disait, dans la préface du catalogue de l’exposition rétrospective présentée sur les cimaises du Musée des beaux-arts de Montréal en 1987-1988, que l’œuvre de Jean McEwen est «l’une des plus pures et des plus profondément joyeuses qui soit». Par ailleurs, Constance Naubert-Riser, auteure du texte du catalogue accompagnant cette exposition et commissaire de cette grandiose réunion d’œuvres de McEwen, nous faisait comprendre l’importance de la couleur dans sa carrière : «…McEwen a consacré toute son œuvre à explorer les pouvoirs de la couleur tout en la structurant, afin d’en faire saisir les effets de profondeur.» Les peintures que nous présentons en ce printemps 2004 illustrent sans contredit ces commentaires.
Partager le secret de la profondeur de l’âme créatrice de Jean McEwen, tel est l’exercice auquel je me suis attardé depuis plusieurs mois en réunissant un groupe de toiles de toutes les époques : je tenais à démontrer — s’il est encore nécessaire — au public d’amateurs d’art et aux spécialistes du milieu de l’art canadien la rigueur, la constance et la pureté picturale de cet infatigable travailleur solitaire.
