Une rencontre avec l'artiste est prévue le samedi 9 octobre de 13h à 17h. Ouvert à tous.
Présentée dans le cadre du programme satellite de MOMENTA 2021, l’exposition réunit trois corpus photographiques importants : deux portant sur l’Irlande et dont les prises de vues ont été réalisées à deux époques différentes (1986 et 2019), et un troisième sur les miroirs acoustiques, structures de béton jalonnant les rivages escarpés du Kent et du Yorkshire, en Angleterre.
Le choix de l’Irlande, pays des ancêtres du photographe, s’explique en partie par la volonté de poursuivre une quête identitaire, mais également par le désir d’échapper à une vie devenue trop sédentaire à son goût. Lors de son premier séjour en 1986, Bertrand Carrière fait le choix de voyager seul et de se laisser porter par ses découvertes, sans itinéraire préconçu : « Je me suis livré à la route, au voyage, aux paysages et aux rencontres fortuites. Je voulais photographier sans entraves à nouveau, tant que la lumière le permettait, et retrouver la liberté de voir. Dans mes errances, je m’efforçais de trouver la fin des routes, les bouts du monde, les arrière-pays, les hommes au travail, les paysages dénudés, une Irlande mythique. »
Trente-trois ans plus tard, il y retourne, cette fois-ci accompagné de sa femme et de sa fille. Durant cette année-là, Carrière effectue une résidence à Londres. Ce second périple contribue à renforcer davantage son attachement à cette île, à ses habitants et à ses paysages. Le corpus marque aussi le retour au noir et blanc. Au cours de son deuxième voyage, il visite Derry et Belfast, deux villes empreintes des débats récents autour du Brexit. Bien que son voyage se soit déroulé bien après « les Troubles », conflits ayant opposé pendant une quarantaine d’années les républicains nationalistes (catholiques) et les loyalistes unionistes (protestants) d’Irlande du Nord, les cendres de ces affrontements demeurent encore chaudes dans le cœur des Irlandais et leurs marques sont encore bien présentes sur les murs.
Le troisième corpus regroupe cinq grands tirages réalisés entre juillet et octobre 2019 au cours d’une résidence effectuée par le photographe au Studio du Québec à Londres. Ceux-ci magnifient ce qu’on appelle des miroirs acoustiques, véritables vestiges des grandes guerres : à cette époque, les Britanniques avaient mis au point un système de pré-alerte sophistiqué pour écouter le ciel et prévenir de l’arrivée d’aéronefs venus bombarder le pays. Ces dispositifs concentraient les ondes acoustiques vers des micros situés en leur centre et surveillés par un opérateur placé tout près. Entre objet scientifique, appareil militaire et sculpture brutaliste, ces grandes oreilles ont lentement sombré dans l’obsolescence avec l’arrivée du radar.
Image: Inishere, Aran Islands, Irlande, 2019 / Miroir acoustique, Kilnsea, Yorkshire, UK, 2019 © Bertrand Carrière