Marie-Eve Beaulieu présente sa nouvelle exposition États de surfaces, qui s'inscrit comme une suite réfléchie à son projet précédent, Et si on recommençait ? Rétrospective 02-22. Cette fois, l'artiste revient avec une approche plus traditionnelle du tableau.
États de surfaces propose une série de tableaux qui explorent l’accumulation et la transformation de différentes matières et un retour à une gestuelle plus libre de l’acte de peindre. L’artiste joue sur les limites de la complétude, privilégiant la spontanéité du geste à la recherche d’illusions. Plusieurs des tableaux sont conçus à partir d’images photographiques, capturant des fouillis de détritus, allant de piles de matières recyclées aux vestiges de lieux en nature ou abandonnés.
Dans ce nouveau corpus, Marie-Eve s’intéresse aux états de surface comme autant de strates par lesquelles le regardeur accède à l'œuvre. Les surfaces choisies pour les grands formats (plâtre, toile apprêtée et brute) proposent de subtiles expériences quant à la profondeur des espaces créés et ont un impact sur le choix des couleurs et des techniques d’application. Geste rapide et glissant évoquant l’écriture, touches saccadées sur toile brute, frottis à la surface rêche du plâtre : l’artiste s’adapte aux diverses matérialités pour retrouver cet état oscillant entre le fini et l’inachevé.
« Je joue sur différentes surfaces, par couches, sur différentes profondeurs. Je tente de cerner un état de précarité de l’image, de flottement, soit le moment où il y a juste assez d’informations, voire presque trop peu.Le moment où tout se dépose au bon endroit, sans recherche d’illusions ou d’effets à outrance. J’utilise une palette de couleur réduite à des gris colorés : aucun noir, aucun blanc, tout se contamine, que ce soit en haut contraste ou en ton sur ton. Je joue avec les espaces négatifs, la profondeur des plans, les percées lumineuses. »
Son travail propose une variété de procédés : on passe d’un point de vue, d’une technique, d’un essai à l’autre. Des résidus de peinture séchée avoisinent des éclats de peinture qui semblent se dissoudre à la surface, dans un jeu d’alternance ou une logique d’inversion.
Ce corpus s’est construit comme un enchevêtrement de gestes et de décisions qui se répondent, s’entrecroisent. Tout geste comporte une conséquence, en ce sens, chaque tableau génère une partie du suivant. En transformant ce qui est souvent perçu comme résidu ou déchet, Beaulieu ne se contente pas d’interroger la matière, elle questionne notre existence même dans un monde en constante transformation.
Une rencontre d'artiste est prévue le samedi 23 novembre 2024, de 14h à 17h.