Cette exposition est l'occasion de rendre un dernier hommage à cette artiste remarquable qui nous a quittés récemment.
Décédée en novembre 2021, Rita Letendre était une véritable amie de la galerie, qui la représentait depuis 1996. Ce survol de la carrière de l’artiste s’étalera sur 50 années d’une production artistique foisonnante.
Le corpus présenté inclut d’abord des toiles de grand format exposées dans les salles 1 et 2. Celles-ci réuniront sa peinture gestuelle des années 1960, soit sa période montréalaise, jusqu’à celle de ses débuts à titre d’artiste plasticienne dès 1966 et tout au long des années 1970. On pourra revoir ses célèbres « flèches » qui ont fait sa réputation nord-américaine : il s’agit de ces traversées de couleurs spectrales si caractéristiques du travail de Rita Letendre, composées selon un axe diagonal, puis définies à la façon hard edge ou fondues les unes dans les autres par pulvérisation de peinture.
« La vie n’est pas une chose anodine. Je veux qu’elle soit grandiose et forte1. »
Notons que ce sera l’occasion de découvrir des maquettes sur bois qui n'ont encore jamais été présentées publiquement. En effet, à l’occasion de la préparation d’une première exposition en sol américain, en 1973, au Musée de Palm Springs (Californie), l’artiste avait peint, dans son appartement de New York, une série de petites maquettes préparatoires à la production qui sera exposée l’année suivante en Californie. Véritables joyaux par leur précision d’exécution et leur effet optique sur l’œil du spectateur, cet ensemble d’œuvres réaffirme la place de Rita Letendre en tant qu’artiste majeure de la modernité canadienne post-plasticienne. Ces maquettes se trouveront dans la salle 3 de la galerie.
Finalement, une série d’œuvres sur papier réalisées par l’artiste dans les années 1960 viendra compléter l’exposition. Rita Letendre privilégie alors la caséine, une forme de gouache, et se restreint principalement au noir auquel elle agence occasionnellement quelques couleurs vives. Cette approche minimaliste lui permet de déployer avec dextérité et de manière spontanée un riche vocabulaire graphique.
Le retour à la peinture à l’huile appliquée au pinceau dès la fin des années 1980 et jusqu’à la toute dernière production, celle des années 2010-2012, sera illustré par un ensemble de toiles choisies pour la qualité de leur composition. C’est un rappel de l’attrait que ce retour à la peinture gestuelle a exercé sur le public ainsi que sur le milieu muséal au cours de la dernière période de production de l’artiste.
(Photos: Guy L'Heureux)
1. Dans Murray White, « Rita Letendre: Against the Dying of the Light »,Toronto Star, 8 juillet 2017. Citation librement traduite de l’anglais.