Peter Hoffer

Eden
18 mai 2005 au 18 juin 2005

Un calme magnifique émane des paysages de Peter Hoffer. Ses peintures stimulent de quelque façon la mémoire, évoquent d’autres endroits déjà vus, des visions brumeuses de Turner aux campagnes anglaises de Constable. Les scènes de Hoffer n’en sont pas moins tout à fait contemporaines. Avec pour véhicule le paysage, Hoffer explore des disciplines prenant racine dans les technologies de pointe. Son utilisation particulière de la résine a suscité l’intérêt de scientifiques. Les sujets de ses tableaux, qui souvent représentent un arbre solitaire dans un très vaste espace, peuvent être interprétés comme modernes : il s’agit peut-être d’une âme issue d’un poème de T.S. Elliott — un personnage du XXIe siècle, plus «branché» que jamais et pourtant seul. L’approche picturale qui caractérise l’arbre contraste avec la suggestion estompée de l’arrière-plan. L’arbre se dresse droit et solitaire. 

La vision de Hoffer comporte une dimension aléatoire. Il est fascinant de remarquer que des panneaux délabrés tiennent lieu de supports à ses peintures et lui permettront de construire son paysage. Il les enduit d’une sous-couche et finalement y ajoute des taches quasi imperceptibles qui pourraient — ou non — représenter un brouillard. Souvent, le hasard se manifeste à nouveau par un voile ou des éclaboussures très pâles. 

L’artiste se passionne non seulement pour les arbres mais aussi pour les vignes. La façon apparemment aléatoire dont elles croissent et s’enroulent est intuitive mais, en un sens, tout à fait logique — régie par la génétique. D’une certaine façon, leur serpentement semble toutefois être le fruit du hasard. Hoffer introduit ce facteur aléatoire dans son travail, mais bien souvent en use de manière systématique. Par exemple, il expose intentionnellement ses tableaux couverts de résine aux rigueurs de l’hiver montréalais. Bien qu’il s’attende à ce que le froid craquèle la résine — après tout, c’est à cette fin qu’il entrepose ses œuvres à l’extérieur —, les fissures surgissent de manière tout à fait imprévue. 

Que l’on contemple un petit arbre emplissant le tableau de sa présence ou un plus vaste paysage, une chose est sûre : les œuvres de Peter Hoffer offrent au spectateur une tranquillité qui leur est intrinsèque, même lorsqu’elles représentent un fourré derrière lequel il est concevable qu’un danger soit tapi. Dans l’ensemble, l’atmosphère qui s’en dégage fait contrepoids aux journées passées sur les trottoirs de béton, à se bousculer dans la circulation. Surtout, en apportant le calme d’une façon inattendue, la peinture de Hoffer est empreinte de sens civique.

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