Dans la foulée de la série des Démons présentée en ce moment au Musée des beaux-arts de Montréal, qui est constituée de grands dessins à la mine de plomb et à la feuille d'or sur papier Kraft, la suite des dessins ayant pour thème la sorcière et autres démons, qui est en montre sur nos cimaises, est faite principalement de petits formats plus intimistes. Réinterprétant les vieux thèmes médiévaux qui hantaient l'humanité il y a dix siècles, Marc Séguin s'attaque à une relecture moderniste de ces sujets diaboliques qui ont peut-être plus d'actualité qu'on serait porté à le croire. Alchimie et miracles, potions magiques et torture, bûchers et balais de sorcière, les thèmes ancestraux trouvent leur pendant dans la vie moderne; guerre et esclavage (toujours d'actualité), torture et violence infligée à tous les groupes d’individus dans de nombreux pays, pensée unique qui donne lieu aux condamnations publiques des déviants, le Mal est partout autour de nous. Il n’y a qu’à écouter le téléjournal du soir.

L'ironie des sujets magnifiquement dessinés par Séguin nous touche au plus profond de nos êtres, car l’artiste atteint chez nous une corde sensible qui fait peu souvent l’objet de nos réflexions, celle de notre conviction d'être détachés à tout jamais du passé sombre de nos ancêtres, et de faire partie d'un monde résolument moderne – tout en sachant que des peurs ataviques sommeillent au plus profond de notre mémoire.

L'audace de son propos, la finesse de sa ligne, l'irrévérence face aux idées reçues, tous ces traits font de Marc Séguin un artiste empreint d'une contemporanéité incontestable et au talent indiscutable. Encore une fois, il a su nous surprendre... Plus de cinquante dessins sont en exposition jusqu’au 1er mai à la Galerie Simon Blais.