Dans l’œuvre de Mark Stebbins, la surface picturale devient un territoire à explorer, minutieusement construit à la croisée des traditions artisanales et des technologies numériques. L’artiste développe depuis plus d’une décennie une pratique singulière, empreinte de patience, de précision, de rigueur et d’une profonde sensibilité aux tensions contemporaines entre ordre et chaos, erreur et structure. L’art populaire ontarien a nourri l’approche de Mark Stebbins. Ses œuvres s’inspirent de broderies, de mosaïques miniatures, et résultent d’une juxtaposition minutieuse de touches de couleurs.
Chacune de ses œuvres, composées de pointillés ou de courts traits, peints à la main, évoque à la fois les trames textiles ancestrales et les résolutions digitales modernes. Le regard du spectateur oscille entre contemplation et étrangeté du détail. En superposant des milliers de carrés, de lignes ou de points selon une logique proche du tissage, Stebbins transforme la peinture en un espace liminal.
Au sujet de ses œuvres sur toiles de jute, l’artiste précise « qu’en appliquant de la peinture acrylique en grosses gouttes, je crée l’aspect d’un tapis au crochet ou d’un tissu finement tissé, vu en gros plan. L’utilisation des couleurs et des motifs s’inspire des courtepointes historiques de l’Ontario (par exemple le “Hit and Miss”) tout en faisant référence à la peinture géométrique et aux graphiques pixelisés. Vu en personne, ce travail présente une texture captivante qui joue avec la lumière et les ombres. » L’exposition Chœur d’échos présente un ensemble d’œuvres récentes de l’artiste, articulées autour des notions de répétition et de résonances visuelles. En filigrane, on y décèle une réflexion subtile sur la persistance de la mémoire à la fois individuelle et collective. Dans un monde saturé d’images éphémères, le travail de Mark Stebbins invite à un ralentissement et à une attention plus soutenue. Il nous rappelle que dans l’accumulation des fragments, dans la répétition du geste, dans la faille même, peut surgir une forme de beauté : fragile, mais tenace, d’une image en train de se faire et se défaire.