Peindre la démesure : voilà le rêve de bien des artistes contemporains, mais aussi celui de nombreux créateurs depuis le XVIIIe siècle. La toile de taille surhumaine et l'énergie qui s’en dégage permettent une plongée dans l'œuvre – une expérience esthétique totale pour le spectateur. Pour le peintre, la réalisation d’une œuvre aux proportions gigantesques relève d'un exploit tant physique que créatif qui dépasse les capacités gestuelles humaines et excède le champ de vision.
Les six artistes réunis sur nos cimaises ont accompli cet exploit : avec ou sans maquette préalable, de façon intuitive ou grâce à l'expérience cumulée. C'est le cas de Françoise Sullivan, qui a réalisé de très grands formats en hommage à ses amis peintres et poètes (ici, un hommage à Gérald Godin); d’Harold Klunder qui, par des gestes lents et contrôlés échelonnés sur plusieurs mois (voire même des années), crée d'immenses toiles méditatives; d'Edmund Alleyn, dont les œuvres exigent une composition longuement travaillée jusqu'à l'obtention de l'équilibre recherché; de Louis-Philippe Côté (invité de récente date de la galerie), qui élabore assidûment des maquettes numériques dont certaines prendront la forme de tableaux; de Jacques Hurtubise, qui visualise clairement une image qu’il reproduira ensuite minutieusement et fidèlement sur l'immensité de la toile et de Jean-Sébastien Denis, dont les maquettes préparatoires à une série de huit très grands diptyques ont fait naître une remarquable composition faite de collages et d'éléments peints rapportés.
Du rêve à la réalité, six œuvres offrent des visions multiples de trois générations de peintres d'ici. Dans la démesure.