C'est en 2000 que Serge Clément est invité pour la première fois à visiter la ville Berlin, à la demande de Régine Robin, sociologue à l'UQAM, qui préparait un essai sur cette ville en pleine mutation, intitulé : Berlin, chantiers – Essai sur les passés fragiles.
Déjà actif en Europe depuis dix ans, Serge Clément avait surtout exploré les pays de culture latine, et cette escapade en europe de l'est lui a plu d'emblée. L'expérience fut bouleversante, la découverte d'un univers en pleine transformation culturelle et sociale l'a marqué au point qu'il y retournera lors de deux séjours de cinq semaines chacun en 2001 et en 2002.
De ces examens approfondis des traces de vie des berlinois que sont les graffitis, les affiches publiques, les murs usés et les parcs et lieux de passage de cette ville qui commence à peine à s'accepter dans sa nouvelle définition – et en pleine expansion architecturale, du jamais vu en Europe depuis la fin de la dernière guerre, Serge Clément a gravé sur la pellicule des témoignages très personnels. Ce sont encore une fois plus d'une centaine de photographies en noir et blanc qui resteront de ces expériences et qui feront l'objet d'une nouvelle publication aux éditions les 400 Coups, monographie qui sera lancée lors du vernissage de l'exposition le mercredi 3 septembre.
Les photographies présentées à la galerie font partie de cet ensemble publié, et sont présentées cette fois-ci en trois formats différents, dont un très grand, 100 x 140 cm, un exploit technique pour l'impression de ces épreuves argentiques sur papier fibre. Vingt-cinq grands formats, en plus d'une collection de Portraits de plus petite taille, collection de photographies d'affiches publiques trouvées sur les murs de la ville, ayant vécu leur vie utile (déchirées, pliées, froissées, partiellement recouvertes) mais qui illustrent de façon éloquente l'énigme que représente Berlin aux yeux de l'observateur de cette ville laboratoire, située en plein cœur du destin européen en train de se redéfinir.
Sutures, Berlin 2000-2003 nous offre une vision très poétique passée par le prisme du regard sensible de Serge Clément de ce que peut vivre un peuple dans la réunification des deux Allemagnes, avec tous les paradoxes qui s'ensuivent : Berlin comme laboratoire de la grande Europe de demain.