Compositions dichotomiques, jeux d’opposition : l’ensemble du travail du peintre Alexis Lavoie agence des éléments provenant d’univers contrastés et engage le regardeur dans une quête de sens singulière. Ballons de plage, crânes, arcs-en-ciel, corps humains tronqués, guirlandes, lambeaux et jeux de Twister jonchent le sol et se juxtaposent à des aplats picturaux. Cette stratégie induit une incertitude, car bien que certains des tableaux puissent évoquer des scènes post-apocalyptiques, une ambiguïté demeure, une trame narrative elliptique laisse planer les indices d’un brutal retour à la réalité après un épisode festif.
Le corpus d’œuvres récentes présenté dans l’exposition Saisons mortes procède de la même façon et la relative épuration des compositions confirme l’habileté de l’artiste à offrir en spectacle un décor inerte au sein duquel semble s’être jouée la situation finale du récit de l’humanité. Ainsi les titres des tableaux puisent-ils dans un répertoire de termes météorologiques : Canicule, Bleu ciel, Éclipses / Corps célestes, Cirrocumulus, Cirrus, Pyrocumulus… Du coup, ils attirent l’attention vers les cieux variables dépeints dans une portion isolée. Cette tactique visant à nous distraire des drames qui ont cours s’apparente étrangement à notre aveuglement volontaire à l’égard des multiples dangers qui, en cette époque trouble, menacent la vie sur Terre.