Pour sa première exposition personnelle, le jeune Yann Leroux, âgé de 29 ans et peintre autodidacte, nous présente une collection de près de trente portraits et quelques natures mortes, peints selon une tradition ancienne à l'huile aux glacis riches et sombres.
L'artiste, originaire de l'Abitibi, avait d'abord complété ses études au CEGEP de Joliette avant de s'installer à Montréal à l'âge de vingt ans. Il commencera une formation académique à l'université (UQAM) pour réaliser très rapidement que cet enseignement et l'environnement universitaire n'étaient pas pour lui. Grand observateur de l'art actuel et passé (il fréquente assidûment bibliothèques et musées), mais aussi solitaire dans la grande ville, il quitte les bancs d'école pour travailler et apprendre plutôt en autodidacte.
Nous l'avons rencontré, il y a deux ans, sur la recommandation d'un collectionneur qui le suivait depuis quelque temps, et très vite nous l'avons exposé aux côtés d'autres jeunes peintres portraitistes qui venaient à peine de compléter leur formation à l'université Concordia et à l'UQAM : ce fut le coup de foudre immédiat, et très rapidement notre clientèle nous suivit dans notre enthousiasme. Depuis, nous le présentons aux côtés des autres artistes de la galerie dans nos foires étrangères, tant à Nîmes (septembre 2003) qu'à New York et à Toronto, où nous exposons à chaque année. La réponse allant croissante, nous avons offert à Yann Leroux de présenter un groupe de peintures très récentes pour la première fois à titre personnel sur nos cimaises.
Entourées d'un voile plutôt classique, sous des camaïeux de brun et de rouge étonnants, ses compositions dépeignent toutefois une réalité bien contemporaine : les modèles qui posent presque tous les jours dans l'atelier de l'artiste sont ses amis, ou des modèles improvisés saisis dans leur environnement quotidien (assis à l'ordinateur, à la table à dessin). Quand une jeune femme pose dans l'atelier de Yann, c'est un décor dépouillé qui forme l'arrière-plan, auquel l'artiste ajoute des objets tirés de son imagination, toiles classiques accrochées au mur, natures mortes intégrées au plan intermédiaire ou arrière, images reflétées dans un miroir qui ajoute une autre dimension, bref, dans leurs poses naturelles, les modèles évoquent la vie et les préoccupations très actuelles d'une génération qui prend sa place dans la société.
Constats sociaux, ces peintures? Non, et oui. Là n'est pas l'objectif premier, mais on peut voir et comprendre qu'au-delà des «finis» glacés très attirants, et des poses qui font penser à Schiele ou à Degas, se dessine une réalité qui sans être des plus belle est toutefois bien authentique.